Quoi qu’égaux, les femmes et les hommes ne sont pas identiques, surtout lorsqu’il est question de leurs besoins nutritionnels. Malgré le fait que ces différences ne soient pas énormes, elles n’en sont pas moins importantes. Loin d’être spéculative, cette différence en besoins nutritionnels a été démontrée par des études importantes. | Par Daniel Crisafi, ND.A, PH.D, Directeur clinique, PH Santé Beauté Montréal
L’ADN de la femme et de l’homme est identique à 98,5 %. Donc, règle générale, les besoins sont les mêmes lorsque ajustés pour la taille, le poids et le niveau d’activité physique. C’est plutôt au niveau des différences hormonales que les besoins nutritionnels diffèrent. D’un côté comme de l’autre, les hormones causent une surutilisation de certains éléments nutritifs. Ceux-ci devraient être compensés par un apport alimentaire accru. De plus, certains facteurs alimentaires peuvent réduire le risque de certaines maladies chez l’un et non chez l’autre. Regardons donc de plus près certaines de ces différences.
Macronutriments
Au niveau des macronutriments (glucides, lipides et protéines) les besoins de la femme sont essentiellement identiques à ceux de l’homme, C’est vrai sauf pour les lipides (ou gras). En effet, si les femmes et les hommes doivent éviter les mêmes « mauvais gras », les besoins en « bons gras » quant à eux diffèrent. Tandis que les femmes peuvent bien utiliser les gras de type oméga-3 végétal sans problèmes, certaines études suggèrent que ceux-ci peuvent augmenter le risque de cancer de la prostate chez l’homme. De fait, une méta-analyse publiée dans Journal of Nutrition a confirmé que ces gras augmentent le risque de cancer de la prostate légèrement plus que les gras saturés. Il est donc important que les hommes en limitent l’apport alimentaire. Ces gras se retrouvent dans les graines et l’huile de lin, dans l’huile de canola, dans les noix et l’huile de noix, dans les graines de citrouille et l’huile de citrouille ainsi que dans les fèves de soya et l’huile de soya. Par contre, les sources animales d’oméga-3, tels que les poissons gras et les huiles de poissons, sont à priser aussi bien chez la femme que chez l’homme. Finalement, certaines femmes voudront éviter le soya et le lin. Ce sont des sources d’estrogènes de plantes bio actives. C’est la raison pour laquelle les oncologues recommandent généralement aux femmes ayant un cancer hormonodépendant (c’est-à-dire lorsque les hormones sexuelles peuvent augmenter ou favoriser le développement du cancer, comme c’est le cas souvent avec le cancer du sein, de l’utérus ou des ovaires) d’éviter ces aliments.
Micronutriments
La différence en besoins pour certains micronutriments (vitamines et minéraux) entre les femmes et les hommes est encore plus évidente que celle en macronutriments.
Calcium
Les femmes ont besoin d’une quantité plus importante de calcium que les hommes. Une consommation élevée de ce nutriment est impliquée, chez l’homme, dans une augmentation du risque de cancer de la prostate. Selon une étude de l’Université Harvard, une consommation élevée en produits laitiers et en calcium peut augmenter le risque de cancer de la prostate de 37 %. Certes, les hommes ont besoin de calcium, mais son apport devrait être moins élevé que chez les femmes.
Fer
Les femmes en préménopause requièrent près de 20 mg de fer par jour. Les hommes en requièrent moins de 10. Cette différence s’explique par le fait qu’entre le début de la puberté et la ménopause les femmes perdent du fer à chaque mois lors des menstruations. Les femmes non ménopausées ont donc besoin d’environ 2 fois plus de fer que les hommes. Paradoxalement, les hommes ont tendance à avoir un régime dont la densité en fer est de beaucoup supérieure à celle des femmes. En effet, les hommes consomment généralement plus de viandes rouges, une source élevée en fer, que les femmes. Les sources alimentaires concentrées en fer incluent les viandes rouges, le foie, les lentilles, la mélasse et le jaune d’œuf.
Magnésium
Le magnésium est probablement le nutriment essentiel le plus négligé lorsqu’il est question de la santé des femmes. Il est aussi important que le calcium pour la santé des os, et, de par son rôle dans le métabolisme de l’estrogène, sa consommation réduit les symptômes associés au syndrome prémenstruel. Dans une étude entreprise à l’Université de Virginie, des femmes ménopausées qui ne pouvaient recevoir de remplacement hormonal à la ménopause ont bénéficié d’une baisse importante dans la fréquence et la sévérité des bouffées de chaleur en prenant du magnésium. De son côté, le médecin français, Jean-Paul Curtay a suggéré que les troubles anxieux chez la femme pourraient être dus à un besoin accru en magnésium. Des études ont d’ailleurs démontré qu’il existe effectivement un lien entre la carence en magnésium et certains troubles anxieux. Les sources concentrées de magnésium incluent les légumes verts, les amandes et le cacao (eh oui !).
Oui, les femmes et les hommes sont égaux, mais ils ne sont pas identiques lorsqu’il est question d’alimentation. Moduler le régime alimentaire en fonction de notre sexe est un autre outil qui nous permet d’obtenir, ou de maintenir, une santé optimale.
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