Dans le cadre de La Petite Conversation diffusée en direct sur le site le DUX mieux manger, mieux vivre le 3 août dernier, l’animatrice et ambassadrice du mouvement DUX, Lyne Gosselin, recevait la nutritionniste Catherine Lefebvre, la coanimatrice de On s’appelle et on déjeune, un balado de Radio-Canada OHdio à propos de l’alimentation. Cette passionnée de voyage et de culture culinaire s’intéresse surtout à l’histoire qui se cache derrière l’agriculture et les plats typiques de chaque pays. Cela est d’ailleurs au cœur de son ouvrage, Sucre, vérités et conséquences, lauréat du prix DUX 2017 dans la catégorie Communications et du prix Argent 2017 dans la catégorie Narrations culinaires de Taste Canada. C’est d’ailleurs de sucre dont elle s’est entretenue avec Lyne. | Par Catherine Lefebvre
L’omniprésence du sucre dans notre environnement alimentaire est encore un sujet qui fait beaucoup de bruit. Maintenant que l’on connait les impacts de sa surconsommation sur la santé et l’environnement, des questionnements quant à notre responsabilité individuelle et celle de l’industrie face à ce fardeau sont soulevés. Collectivement, comment pouvons-nous améliorer notre mode de vie un peu trop sucrée sans tout calculer ?
1. Devrait-on calculer les grammes de sucre que l’on consomme ?
Manger, de nos jours, est devenu une tâche assez complexe. En effet, on nous dit de manger moins de sucre, moins de gras ou moins de sel, tout est respectant la planète ! Quoi qu’il en soit, l’alimentation ne devrait pas être une affaire de chiffre. Il n’est absolument pas recommandé de compter combien de grammes de sucre exactement se trouvent dans notre repas. L’idée est plutôt de prendre conscience d’où il se cache en grande quantité et ainsi, faire des choix éclairés. De cette façon, c’est beaucoup plus réaliste que de tenter de déchiffrer notre consommation quotidienne en sucre et de tout le reste.
2. Comment réduire notre apport en sucre sans tomber dans la restriction ?
Malgré le fait que la surconsommation de sucre soit en partie responsable de plusieurs maladies chroniques non transmissibles, comme les maladies cardiovasculaires et le diabète de type 2, le but n’est pas de l’éliminer de notre vie. Pour éviter de se casser la tête, il vaut mieux de jouer sur les plus importantes sources de sucres dans notre quotidien, c’est-à-dire, les boissons sucrées (boissons gazeuses, énergisantes, pour sportifs, thé et café aromatisés, jus, kombucha dans certains cas). Si on n’a pas l’habitude d’en boire tous les jours, c’est déjà un bon départ ! Encore là, l’idée n’est pas de ne jamais en boire, mais plutôt de ne pas s’hydrater avec des boissons sucrées tous les jours. Une autre belle façon d’améliorer la qualité de notre alimentation dans son ensemble est tout simplement de cuisiner plus souvent. C’est tellement satisfait et ça nous permet de se détourner des produits ultra-transformés. Enfin, le plus important, c’est d’avoir du plaisir en mangeant !
3. À son tour, si l’industrie souhaite réduire la teneur en sucre de ses produits, par quoi et comment devrait-elle s’y prendre ?
Si l’industrie souhaite réduire la teneur en sucre de ses produits dans le but de laisser plus de place aux autres ingrédients qui les parfument (fruits, épices, noix, graines), c’est tant mieux ! Mais si elle développe des produits « sans sucre, plus de nouveaux édulcorants », on fait fausse route. Et le risque de décevoir les consommateurs est désormais beaucoup trop grand. Puis, il ne faut pas oublier que pour certains produits, il est normal d’y ajouter du sucre : des biscuits, des gâteaux, de la crème glacée… De toute façon, ce ne sont pas des aliments à la base de notre alimentation et ils ne sont habituellement pas à l’origine de notre surconsommation de sucre. Qu’est-ce que ça peut bien faire si votre dessert est sucré ? C’est normal, après tout ! Ce qui n’est pas normal, ce que l’on nous vende du dessert faible en sucre, avec édulcorant et donc, sans culpabilité ! Comme je le disais, l’idée n’est pas d’éliminer le sucre de notre vie. L’idée est de se rapprocher des aliments moins transformés, et la plupart du temps moins sucrés et salés, pour composer la majorité de notre assiette, la plupart du temps. Or, si l’industrie veut faire partie de notre assiette de tous les jours, elle doit être ouverte à l’idée de revenir en arrière, vers des recettes de base, moins transformée. Que l’industrie cuisine pour nous, je n’y vois pas de mal. Il y a d’ailleurs plusieurs entreprises qui le font très bien, en privilégiant les ingrédients de base, de qualité, une recette qui ressemble drôlement à une recette maison.
4. Quoi penser des nouveaux édulcorants comme le stévia et les sucres alcools comme l’érythritol?
L’utilisation d’édulcorants tels que le stévia ou l’érythritol peut être une solution attrayante pour l’industrie dans le but de diminuer la teneur en sucre de leurs produits. Les édulcorants comme l’aspartame, le sucralose ou l’acésulfame-K ont peut-être trop mauvaise réputation. Mais, l’utilisation de ces nouveaux substituts de sucre entretient aussi notre goût pour le sucre. Et on finit par faire du surplace. Mon plus grand souhait de (re)découvrir le vrai goût des aliments. Pour y parvenir, la cuisine est sans doute le meilleur terrain de jeu. Encore une fois, en choisissant des ingrédients de qualité, en saison, ils seront déjà plus goûteux. De quoi créer de nouvelles références pour nos papilles et notre fin palais.
5. Devrait-on arrêter de s’acharner sur un nutriment ou un ingrédient en particulier en alimentation ?
OUI ! Trop longtemps, le gras était l’ennemi à abattre. De nos jours, on blâme le sucre sur toutes les tribunes. Sans cesse, des nutriments différents se font pointer du doigt lorsqu’on évoque les problèmes de santé liés à l’alimentation. En vérité, ce que l’on mange, ce sont des aliments complets et non une poignée de nutriments. C’est donc sur la qualité nutritionnelle des aliments dans leur portrait global que l’on devrait s’attarder. Ce n’est pas un secret pour personne, les aliments ultra-transformés, souvent plus riches en gras, en sucre et en sel, peuvent contribuer au développement de nombreux problèmes de santé. En ce sens, c’est correct de mieux comprendre comment certains nutriments et ingrédients agissent dans notre corps et poser des gestes concrets de façon collective et individuelle pour encourager la santé de tous. Cependant, lorsqu’on focalise sur un seul nutriment ou ingrédient, on perd souvent la notion de globalité. Et l’alimentation est un acte social, culturel et émotif. Il ne faut jamais oublier ça !
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